9 avril 2019
Audrey Régnier, ancienne directrice de la visite de l’entreprise, et son mari, Fabien ont repris Bohin France il y a un an, dernier fabricant français d’aiguilles et d’épingles pour écrire une nouvelle page de son histoire. Audrey a depuis rejoint l’Apm dans l’Orne.
Industrie au féminin – reprendre l’entreprise : la décision d’Audrey a été motivée par 186 années d’une aventure incroyable, un fondateur haut en couleurs, une production unique, un savoir-faire ancestral qui s’exporte dans le monde, de bâtiments magnifiques (classé aux Monuments Historiques), de belles perspectives d’avenir et de grands projets à mener. Et si vous découvriez cette histoire hors du commun ?
Une #entreprise qui poursuit sa #transformation avec une marque garante d’authenticité
En janvier 2018, Bohin France est rachetée par un couple, Audrey et Fabien Régnier. Lui, directeur de banque. Elle, à l’époque salariée de Bohin en charge du musée de la Manufacture Bohin. Ce rachat s’est noué comme si le fil de la tradition était si solide que l’entreprise ne pouvait appartenir qu’à une personne qui faisait partie de son histoire. Très vite, ils comprennent les nouveaux enjeux d’avoir à gérer une entreprise en étant actionnaires et décident d’asseoir leur transformation sur les valeurs anciennes qui ont fait l’atout de Bohin.
« Notre histoire est légitime, et il est essentiel de développer l’activité en renforçant l’attachement à la marque. Les produits sont authentiques et d’une qualité irréprochable. Nous souhaitons le faire savoir. Alors nos rêves sont ambitieux, faire de la démarche éco responsable un projet de fond porté intérieurement par tous les salariés, développer les ventes en France et à l’international, approfondir le lien avec nos clients. » Audrey confirme que le fil de la tradition est solide et l’envie de persévérer intact.
Revenons sur l’histoire… d’un enfant doté du gène de l’#entrepreneuriat
L’histoire mérite d’être racontée tant elle est incroyable. Benjamin Bohin a 17 ans quand il reprend l’entreprise familiale. Son père a une société qui fabrique des boîtes en bois. A l’époque, la fabrication est artisanale et Benjamin souhaite débuter la production en série. Il a 11 ans à peine quand il fugue face au refus de son père d’écouter ses conseils. Trois tentatives de fugue et quelques années plus tard, Benjamin parvient à convaincre son père d’industrialiser la production et de lui laisser les rênes de l’entreprise. Benjamin s’engage à faire de cette reprise un succès et se lance quelques années plus tard dans la fabrication d’épingles puis d’aiguilles.
La première #transformation : le passage à l’industrialisation
Il tient parole et met en musique ses rêves de transformation. Il révolutionne le très artisanal secteur du monde de l’épingle. A l’époque, les épingles se font à domicile, et occupent une partie des habitants de la ville. Benjamin prend la décision d’industrialiser la fabrication. Il trouve un lieu en bordure de rivière où il achète une deuxième usine… Tout est là : le fer, l’eau, la main d’œuvre, l’envie de bien faire. L’entreprise diversifie ses produits et élargit sa gamme : Bohin lance la production des aiguilles dont l’usinage et la façon relèvent d’un process complexe. Bohin se développe et voit grand. L’entreprise vit des années glorieuses jusqu’à la fin de la première guerre mondiale. Les modes de consommation changent, la main d’œuvre manque, la conjoncture économique mondiale est dure. Comme de nombreuses industries, Bohin entame un déclin qui la conduit à la liquidation judiciaire en 1997.
Bohin se cherche un modèle, et se #réinvente à partir d’un #échec
Après 5 générations de Bohin à sa tête, l’ancien directeur commercial de l’entreprise, Didier VRAC, achète BOHIN en 1997. Il prend des décisions clefs : rapatrier le siège social et la totalité de la production à Saint Sulpice-sur-Risle (Orne). L’entreprise quitte Issy les Moulineaux pour renouer avec l’origine de son histoire et de sa production, entamer un gros travail pour rassurer et fidéliser ses clients, ses fournisseurs et exporter le savoir faire de Bohin dans le monde.
Un JT de 13 heures propulse l’entreprise sous les projecteurs
En 2000, un magnifique reportage se tourne sur l’histoire et les savoir faire de Bohin. L’engagement pour un produit d’une qualité irréprochable, l’attachement des salariés à l’entreprise, l’ancrage local. L’histoire parle au public qui accourt pour découvrir la grande manufacture et l’exceptionnel outil de production, ainsi que l’histoire des hommes et des femmes qui font tourner Bohin. L’affluence pousse l’entreprise à s’organiser et l’idée de fonder un musée germe. Conçu comme une expérience à vivre pour comprendre le produit et sa fabrication, le musée, géré selon un partenariat public-privé, attire désormais un public toujours plus nombreux !
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