20 juin 2018
Ne croyez surtout pas qu’il s’agisse de science-fiction : 18 avril 2015, une équipe de généticiens chinois entreprenait d’améliorer le génome de quatre-vingt-trois embryons humains.
Jusqu’où ira-t-on dans cette voie ? Sera-t-il possible un jour (bientôt ? déjà ?) d’augmenter à volonté tel ou tel trait de caractère de ses enfants, d’éradiquer dans l’embryon les maladies génétiques, voire d’enrayer la vieillesse et la mort en façonnant une nouvelle espèce d’humains augmentés ? Nous n’en sommes pas (tout à fait) là, mais de nombreux centres de recherche transhumanistes y travaillent partout dans le monde, avec des financements colossaux en provenance de géants du Web tel Google.
Les progrès des technosciences sont d’une rapidité inimaginable, ils échappent encore à toute régulation. En parallèle, cette « infrastructure du monde » qu’est le Web a permis l’apparition d’une économie dite collaborative, celle que symbolisent des applications comme Uber, Airbnb ou BlaBlaCar. Selon l’idéologue Jeremy Rifkin, elles annoncent la fin du capitalisme au profit d’un monde de gratuité et de souci de l’autre. N’est-ce pas, tout à l’inverse, vers un hyperlibéralisme, vénal et dérégulateur, que nous nous dirigeons ? Certaines perspectives ouvertes par les innovations technoscientifiques sont enthousiasmantes, d’autres effrayantes.
Luc Ferry cherche d’abord à les faire comprendre et à réhabiliter l’idéal philosophique de la régulation, une notion désormais vitale, tant du côté de la médecine que de l’économie.
Entretien avec Luc FERRY à propos de son livre sur Médiapart
Agrégé de Philosophie et de Sciences politiques, Docteur d’État en Sciences politiques, Luc Ferry a été ministre de la Jeunesse de l’Éducation nationale et de la Recherche (gouvernement Raffarin) du 7 mai 2002 au 31 mars 2004. Président du Conseil d’analyse de la société (créé en 2004), il a également été nommé membre du Comité consultatif national d’éthique en 2009. Il est aujourd’hui éditorialiste pour de nombreux journaux.