20 août 2019
La situation est préoccupante. La biodiversité est menacée : nous avons perdu 60 % des animaux sauvages en 40 ans et 80 % des insectes en 30 ans. Cette extinction est principalement dûe à nos modes de vie. Cette situation cristallise une indignation forte. Des mouvements citoyens se rassemblent, ils revendiquent avec des formes nouvelles, qui ne sont pas toujours apaisées.
Les exemples ne sont pas répandus. Ils sont à la marge et si les politiques RSE ont fait leur place dans le paysage, on a toujours du mal à voir quelle est la vraie marge de manœuvre concédée aux directeurs de développement durable. Récemment, une tentative hors-cadre a été lancée par Danone, qui va ouvrir sa collection exceptionnelle de 1 800 souches de « ferments lactiques ». Depuis 1973, ces ferments sont sélectionnés et conservés. Ils pourront être utilisés par des chercheurs d’instituts publics comme de start-up privées, afin de faire avancer la science. C’est un pas significatif vers ce qu’on appelle la « coopération radicale ». Emmanuel Faber, le président de Danone est connu pour son engagement sociétal et on perçoit qu’il veut expérimenter pour faire avancer les problématiques écologiques.
Je me suis beaucoup inspiré du biomimétisme. Littéralement, le biomimétisme consiste à imiter le vivant, qui développe des technologies ultra-résilientes, qui ne produisent pas de déchet et ne fonctionnent qu’avec l’énergie…du soleil ! On transpose les principes et les processus de la nature à l’ingénierie humaine. La démarche consiste à favoriser les « choix » faits par la nature pour répondre à nos besoins de manière respectueuse de l’environnement et soutenable dans la durée.
On peut prendre l’exemple d’une famille d’éponges de mer. Certaines fabriquent du verre à température ambiante, à pression atmosphérique à partir de silicium dissous dans l’eau. Ce verre a des propriétés de résistances mécaniques très importantes. Là où nous avons besoin de silice pure et d’une énorme quantité d’énergie, on constate que la nature est bien plus efficace que nous !
J’ai créé l’association Fermes d’Avenir avec pour objectif d’accélérer la transition agricole, notamment par l’expérimentation de terrain, la formation, le financement et, ce qui m’occupe le plus ces derniers temps, c’est le lobbying d’intérêt général pour faire valoir le bien-fondé de l’agroécologie.
L’un des enjeux fondamentaux, pour notre avenir, est de compter ce qui compte vraiment : notre modèle économique, reposant sur le seul indicateur financier, n’est pas adapté à une vision de long terme. Nous promouvons avec vigueur depuis plusieurs années une nouvelle approche comptable en trois capitaux, intégrant les capitaux naturel et humain en plus des euros. Quel superbe challenge pour nos organisations de devoir se réinventer en sachant ce que nous savons désormais.
Maxime de Rostolan intervient lors de la Convention Apm à Annecy sur le thème de l’engagement pour l’impact – Univers montagne – Vendredi 20 septembre 2019.