15 juillet 2019
Vous doutez ? Tant mieux. Douter, c’est créer et innover. Exemples à l’appui, Hélène Mugnier, historienne de l’art et Albert Moukheiber, docteur en neurosciences et psychologue, expliquent la puissance du doute. Pourquoi il est nécessaire de se méfier de notre cerveau et des certitudes qui nous enferment.
Pourquoi pensons-nous avoir raison même lorsque nous avons tort ? Pourquoi, deux personnes ne voient pas la même chose dans un tableau ou dans la même scène de rue ?
Pour Albert Moukheiber « nous croyons détenir une vérité ou une certitude, mais notre cerveau nous joue des tours sans que nous nous en rendions compte ». Nous pensons percevoir avec lucidité une situation, mais nous inventons le réel, nous l’interprétons à notre insu alors même que nous sommes persuadés du contraire. » Un constat que partage Hélène Mugnier. « Nous rationalisons et en même temps nous passons à côté de signaux importants pour décoder notre environnement. Pourtant nous avons tous des capteurs extraordinaires pour le comprendre ».
Il est donc grand temps de réaliser que nous avons souvent tort et qu’il est bénéfique de douter de ce que le cerveau nous indique. Pourquoi ? Parce que contrairement à ce que l’on pense, « avoir confiance en soi, c’est être capable de douter de soi. Il ne faut pas confondre la confiance en soi et la confiance dans ses connaissances qui sont le fruit de notre milieu social, de nos études, de nos héritages familiaux… Réfléchir, est une manière élégante de changer d’avis », explique Albert Moukheiber.
Douter, c’est s’ouvrir à la création
Avoir confiance en soi tout en doutant permet ainsi de mettre en marche ces fameux « capteurs », de s’ouvrir à l’imagination, de faire des liens, des transversalités et de construire des histoires qui libèrent la créativité. « La création est par essence quelque chose de nouveau. Si on ne doute pas, on ne fait que ce qu’on a l’habitude de faire », précise de son côté Hélène Mugnier.
Hélène Mugnier et Albert Moukheiber ne développent pas des théories abstraites. Ils se basent sur des exemples de la vie quotidienne et ancrent leur démonstration dans le réel. L’image animée d’une petite danseuse qui pour les uns tourne dans le sens des aiguilles d’une montre et pour les autres dans le sens inverse. Un tableau presque blanc que personne ne voit blanc. Ou encore ces décisions absurdes et catastrophiques, célèbres dans l’histoire et pourtant longuement muries et pensées. Si Albert Moukheiber utilise les neurosciences pour étayer sa démonstration, Hélène Mugnier se sert de l’art pour que chacun se réapproprie la force de l’imaginaire.
L’idée est ainsi de s’autoriser à douter pour se reconnecter à ses émotions, pour faire rêver, et pour se redonner et redonner à chacun les moyens de créer et d’innover. Vous en doutez ? C’est bon signe !
A la Convention, Univers Cité / Regards croisés – Albert Moukheiber et Hélène Mugnier / vendredi 20 septembre / Vous doutez ? Tant mieux: douter c’est déjà créer !